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Les textes des participant(e)s à l'atelier d'écriture
6 février 2012

Histoire sans queue ni tête

Consigne au vol :

Dans la lignée de l'exercice sur l'attention que je vous ai proposé la dernière fois, j'aimerais vous soumettre une idée d'activité. Pour commencer, rendons-nous sur le site Internet du Monde : http://www.lemonde.fr/ … et choisissons un article en Une, le premier qui accroche notre regard. Dans cet article, piochons une phrase au hasard, assez courte (une seule contrainte : qu'elle soit intelligible et ne soit pas extraite du " chapeau "). Nous allons broder autour de cette phrase en nous livrant à une rapide, mais rigoureuse association d'idées. Il s'agit, en quelque sorte, de concurrencer les générateurs automatiques de texte apparus dans les années 1980 qui, à partir d'un extrait comme celui-ci, pouvaient produire des lignes presque à l'infini.

Les projections narratives qui en résultent :

A partir d'une courte citation du Monde"100 voix contre zéro" , piochée dans l'article de Une.

> le contexte d'un tout petit village de 100 électeurs, qui votent tous pour le même candidat à la mairie, issu d'un parti extrême, droite ou gauche.

> Ce village serait à la campagne, rural, avec plus de vaches que de gens... Il faut défendre l'agriculture française, et le maire propose de moderniser l'agriculture. Les électeurs votent tous pour la même personne, selon ses propositions politiques qui font facilement l'unanimité.

> Le candidat élu est un vieux réac' qui veut protéger le village en imposant de lourdes taxes sur les produits. Tous ceux qui voudraient acheter les produits sans résider au village devraient s'acquitter d'une taxe, ce qui permettrait, au dire du maire, de renflouer les caisses et d'accroître les rendements. Alors que chez les autres candidats — mettons deux candidats —, l'un serait déjà maire depuis quarante ans, ce qui lasserait les gens ; l'autre, à l'opposé de l'élu, serait un jeune installé depuis peu et qui souhaite une ouverture, une modernité dont les habitants ne veulent pas.

> La faiblesse de l'argumentation du maire : il croit que les gens vont continuer à acheter les produits malgré la taxe, sans voir qu'il propose aux villageois un repli sur eux-mêmes, une sorte de protectionisme malfaisant. 

> L'un des candidats propose d'accorder le droit de vote aux animaux, singulièrement aux vaches. Son parti soutient que, puisqu'on donne le droit de vote aux étrangers, on peut bien l'octroyer aux animaux, dont certains sont réputés pour leur intelligence. Ce parti prônerait l'amour des bêtes, leur reconnaîtrait les mêmes droits qu'aux humains. Procédure : un "meuh", je vote intel ; deux "meuh", je vote pour l'autre. 

> Le suffrage universel s'applique-t-il aux animaux ? Le nouveau maire est de cette opinion qui, compte bien, dès le début de sa magistrature, introduire dans le code municipal cette réforme d'ampleur.

> Des savants seraient parvenus à la conclusion que les animaux, non seulement parlent, mais conspuent ouvertement l'humanité dans leur langage. S'ils ont décidé de ne pas interférer avec la civilisation humaine, c'est par sagesse, non par soumission.

> Pour dramatiser le sujet, il convient cependant d'introduire du conflit. Je suggère de créer des opposants, d'ouvrir une polémique. Le conseil constitutionnel ne peut immédiatement donner son aval au vote des animaux, ou alors, il doit affronter la lever de boucliers de certains parlementaires, ainsi que d'associations comme l'Union rationaliste.

Ebauche de mise en forme : 

" 100 voix contre zéro. C'était le résultat du premier dépouillement, achevé à vingt-heures quarante-cinq dans la salle du conseil municipal de la Grande Vareuse. " Aujourd'hui, votez pour la modernité, pour la nouveauté et le changement ! " clamait M. Lemaire, élu à 100% des voix dans un petit village de campagne. Les habitants, séduits par sa philanthropie et son amour des bêtes, l'ont en effet élu à l'unanimité. " Je n'ai jamais douté de ma victoire. " a ajouté le maire. " Ce qui se passe entre les Verdiens et moi, ce n'est pas de la politique, c'est une histoire d'amour. Et elle dure depuis onze ans ! "

Aussitôt, les 101 vaches majeures qui paissent dans les champs autour du village ont obtenu le droit de vote, qu'elles pourront exercer aux prochaines élections. " Il me semble très important d'accorder ce droit aux animaux qui nous accompagnent si fidèlement depuis tant d'années, clamait M. Lemaire, un jour avant les élections. Les vaches sont des êtres doux, paisibles, et bien plus intelligents que les citadins de passage. Elles sauront faire le bon choix lors des élections à venir, lesquelles, rappelons-le, seront cette fois des élections nationales, puisqu'il s'agira d'élire notre président de la République. Le conseil constitutionnel a déjà agréé à la mise en acte de cette proposition, qu'il trouve en parfaite compatibilité avec la constitution et particulièrement en avance sur son temps.

Le principal ex-concurrent de M. Lemaire, dont le nom échappe au rédacteur du présent article (nous espérons que les lecteurs voudront bien nous pardonner ce regrettable oubli), s'est senti particulièrement offensé par l'attaque de notre nouveau maire, le traitant de " parigot du 18è ". Le candidat malheureux a aussitôt répliqué qu'il était, en réalité, originaire du 19è, et traité à son tour M. Lemaire de " Monsieur "Meuh ", insulte fort peu élégante.

vaches

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