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Les textes des participant(e)s à l'atelier d'écriture
10 décembre 2010

La prohibition (atelier impro) par Thibault l'H.

Hier soir Willliam O’Leary est venu me chercher à 19 heures. Il m’invitait officiellement à dîner en ville. Un restaurant chic. Dans le North Side. On y croiserait peut être Eddie Condon. « Oh papa Eddie Condon, tu te rends compte ? » L’avais-je supplié.
« Votre fille sera de retour à 20h30 précise. Je vous en donne ma parole Monsieur Webb. Le taxi klaxonnera pour vous avertir. »
William s’était comporté en parfait gentleman. Il avait camouflé son accent rustique d’Irlandais. Sa fine moustache noire et sa coiffure gominée luisaient dans la nuit. Il ressemblait à un entrepreneur ayant réussi.
Le taxi ronronnait. William avait indiqué la destination au chauffeur. « Nous n’allons pas dans la North Side ? » « Non, ne te tracasse pas pour ça honey, nous serons rentrés à temps. »
Le véhicule s’est arrêté devant une ruelle éclairée. « Tiens. Ca te fera du bien. » M’a-t-il dit en me tendant une flasque argentée. « Oh honey, en acceptant mon invitation tu ne t’attendais tout de même pas à passer une soirée ennuyeuse non ? » Avait-il ajouté face à ma mine effrayée. J’ai bu une gorgée. J’ai toussé en sentant la brûlure dans ma gorge descendre le long de mon œsophage jusqu’à l’estomac.


-    Hier soir j’ai invité la fille du patron de Dwayne à sortir. Ca n’a pas été facile, le vieux était méfiant. J’ai monté un alibi en béton armé. J’ai même sorti mon costume du dimanche. On est allé au club. Je lui ai donné une gorgée pour la dérider un peu. Ces poules de riches ne tiennent pas leur whisky. Un goutte et ça ne se sent plus danser. Un beau petit lot.
-    J’en conclus que vous l’avez bien incité à se dépraver, comme son père l’affirme. Veuillez me suivre au poste.
-    Doucement ptit gars, la première gorgée, c’est tout. Tu aurais dû la voir se jeter sur les verres d’alcool au bar…
-    Vous aviez du whisky en votre possession. C’est illégal. Où vous l’êtes-vous procuré ?
-    Ici et là, tu sais le whisky c’est pas ce qui manque dans cette ville, y compris chez les flics… Alors doucement je te dis ! Tu sais pas à qui t’as affaire toi. L’alcool, il vient du club. Et le club, il est à mon frère tu piges ? La poule de Webb, c’est elle qui s’est jetée dans mes bras. J’allais pas la décevoir tu comprends. Et crois moi je ne l’ai pas déçue ! Tu sais quoi ? T’as pas intérêt à me décevoir toi, parce que t’as beau porter un joli uniforme et un sifflet, je te connais bien tu sais, c’est pas la première fois que tu traines dans cette ruelle. Oui… tu es un habitué du club non ? Alors soit tu te débrouilles pour étouffer la plainte du vieux, soit ta carrière s’arrête ici.
-    Qu’est-ce que je vais pouvoir leur raconter ?
-    C’est pas mon problème. Tu as décidé de venir mettre ton nez dans mes affaires, tu en paies les conséquences maintenant. Tu vois, je ne lui ai pas fait de mal, on s’amusait c’est tout. Et toi tu ramènes ta gueule de rital et tu le demandes de te suivre au poste ? T’as de l’humour tu sais ! Petit c’est quoi ton nom ?
-    Al.
Ecoute moi bien Al, sans moi tu n’es rien, t’es fini. Alors tu retournes au poste. Tu dis que l’alcool, elle l’a pris dans la réserve de son père. Le vieux n’en donne pas l’air mais c’est un bon client de mon frère de temps à autres. Tu dis qu’elle était ivre, tu dis que c’est de sa faute. Tu dis ce que tu veux mais tu me tires de là. C’est bien, tu comprends… T’as bien compris… Si tu t’arranges pour faire tout ça, tu peux revenir me voir. Je vais même te dire une bonne chose : si tu reviens me voir je peux te dire que t’iras loin, Al, je sens que t’as du cran. Ca me plait.

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